Allocution de Dominique Semont, Président

Merci René de nous avoir proposé cette relecture de la vie de notre association et de celle de la maison des œuvres. Merci pour les heures passées à consulter les archives, à préparer cette description, à agir en historien pour la rendre la plus vivante possible car c’était une gageure que d’illustrer par les mots la richesse des événements qui ont accompagné les 80 ans de vie de l’ACOC. 

Cette suite d’images, d’instantanés, nous est précieuse pour mieux appréhender et nommer ce qui a guidé dès l’origine les actions de l’ACOC et qui continue à les inspirer. 

Mon propos ici est donc d’essayer de poursuivre ce parcours, de m’en inspirer en l’ouvrant à aujourd’hui.

Je peux dire en simplifiant à l’extrême, qu’en animant et gérant le Centre Magnanen l’association a permis et permet à des laïcs, membres de mouvements et services d’Eglise, d’exercer leur vocation d’acteurs dans la société dans les meilleures conditions. 

C’est “la marque de fabrique” de l’ACOC que de produire un lieu de vie à partir duquel des œuvres peuvent se déployer.                  

Ces adhérents de l’ACOC ont montré et montrent actuellement leur capacité à développer créativité et adaptation dans ce milieu providentiel de vie que représente le monde en Vaucluse, tout en restant fidèle à l’esprit des origines de 1938.

Cette présence à la fois, humaine, confiante et désintéressée a été et est celle de chrétiens, prêtres et laïcs, habités par une grande espérance et par une foi vivante, agissant pour toujours coller au plus près des besoins réels de la société de leur temps, tout en tenant compte des évolutions de l’Eglise.

René nous a bien montré comment, pour ces chrétiens engagés, la présence au monde a évolué au fil du temps. Les aléas des évolutions sociales et religieuses, le passage progressif de l’action des catholiques à l’Action Catholique, le rôle croissant des laïcs (au regard de la baisse et du vieillissement des effectifs dans nombre de mouvements), le retrait régulier et naturel de l’implication directe des prêtres, pèsent dans les choix des orientations prises par l’ACOC. 

Être acteur dans la société, agir pour les œuvres, faire face aux enjeux du moment a donc demandé tout au long de ces 80 ans de trouver à chaque fois de nouveaux moyens d’action et d’ouvrir de nouveaux chapitres à l’histoire de l’ACOC. 

Or, 2010 a été pour l’association un moment crucial et difficile, comme d’autres moments qui en avaient déjà jalonné l’histoire. 

René a fort bien décrit cet épisode, en en rappelant les causes profondes et multiples (entre autres, l’estimation du coût des travaux à mener pour entretenir ou adapter les bâtiments vieillissants de Magnanen aux normes, ou l’appel aux derniers mouvements résidents de Magnanen à rejoindre la maison diocésaine …) qui avaient alors conduit le CA sous la pression, à proposer la dévolution des biens à l’association diocésaine.

Mais pour les mouvements actifs, rompre la filiation des origines de l’ACOC, faire disparaitre l’association en perdant la gestion de ce lieu, ou même imaginer la vente future de la Maison, ont été nettement refusés en AG. 

Cet épisode a ouvert une période difficile mais riche pendant laquelle un travail d’actualisation des objectifs de l’ACOC et de repositionnement du rôle de la Maison a été mené, mobilisant de nombreux adhérents, mouvements et services, qui avaient alors pris davantage conscience de la valeur du “trésor” dont ils étaient propriétaires et gestionnaires. 

Ils s’entendirent pour définir un nouveau projet pour Magnanen, une proposition d’animation qui soit viable, consciente des contraintes, en cohérence avec la vocation initiale du Centre et avec leurs propres objectifs, mais actualisée aux besoins de ce début du XXIesiècle. 

Ce travail a abouti en 2015 par l’adoption de nouveaux statuts, mais aussi par le choix pris à l’unanimité de se donner les moyens humains et financiers de faire vivre le Centre en plénitude. 

Il fallait ouvrir Magnanen à de nouvelles structures, oser parler et affronter des réalités économiques et de rentabilité, et surtout, promouvoir un lieu ouvert, vivant, donnant envie d’y résider et de s’y rendre. 

C’est ainsi que l’ACOC a choisi de proposer d’ouvrir un espace de travail et de rencontres élargi, occupé par des organisations reconnues, qu’elles soient catholiques ou non, associatives ou mouvements et services d’Eglise,mais dont l’objet premier commun à toutes serait majoritairement la solidarité, donc en cohérence avec les exigences de l’ACOC. 

Elles œuvreraient majoritairement au service des personnes en recherche ou en difficultés (culture, spiritualité, éducation, citoyenneté, logement, emploi, ressources, isolement, maladies, …). 

On retrouverait là la marque de fabrique ACOC.

Les statuts de l’ACOC ont donc évolué, se sont adaptés.

Ils définissent l’association centrale des œuvres catholiques comme- je cite- “fédérant des mouvements et services (21 à ce jour) engagés à porter l’Evangile dans la société d’aujourd’hui. Elle est animée par des laïcs soucieux d’exercer leur vocation baptismale et ayant pour vocation de mutualiser leurs énergies et d’agir en commun par des échanges, collaborations ou expertises”.            

Mais au-delà de cette volonté de transformer, réanimer, faire vivre tout simplement, notre propos ce soir est d’en voir la mise en œuvre en 2018.

Petit rappel :

L’ACOC est propriétaire et gestionnaire du Centre, responsable en particulier des orientations, des choix locatifs, du budget, de l’ordonnancement des dépenses (travaux nécessaires à l’entretien et aux mises aux normes, achat et location de matériels…), responsable des emplois, salaires et charges des 4 personnes employées aujourd’hui (4 mi-temps CDI). Le tout est piloté par le Conseil d’administration composé de 10 d’entre vous : Le DEMAF (délégué épiscopal aux mouvements et associations de fidèles) aujourd’hui Bernard Taïani, et des représentants de 9 mouvements et services : ACO, CCFD, Foi et Culture, Hospitalité Notre Dame, MCC, (que je représente et qui assure la présidence de l’ACOC pour 3 ans), le Nid, Pèlerinages diocésains, Secours catholique, et VEA. 

Mais la vie ici n’est pas un long fleuve tranquille, et les salariés (Françoise et Alice secrétaires, Maguy pour l’entretien, Jean-Pierre, gardien) comme les bénévoles qui vivent à Magnanen pourraient vous en donner de nombreux exemples.

Depuis 2015, l’ACOC a dû réapprendre à gérer des contraintes fortes liées à la présence nombreuse (heureuse mais toujours pleine de vie et d’aléas) des représentants des 20 structures différentes locataires des bureaux (composées de salariés, bénévoles, services civiques (plus de 20) et des visiteurs souvent réguliers…… L’ACOC se doit de les accueillir ou héberger en donnant des moyens pour que chaque locataire ou partenaire y trouve les meilleures conditions “et de travail et de développement” pour ses activités. 

Pour cela il a fallu conduire rapidement les travaux urgents (réfection des locaux du premier étage délaissé par RCF, mises aux normes (dont le tout-à-l’égout), accueil des personnes à mobilité réduite, changer la chaudière … réaliser un emprunt, s’occuper de la salle Benoît XII … et mille autres détails.

L’ACOC doit équilibrer les comptes, sachant que nulle subvention ni participation extérieure n’intervient aujourd’hui. Les locations (Benoît XII, bureaux, salles de réunions, garages, places de parking …) apportent la quasi-totalité des 130000€, total des rentrées financières annuelles.

Mais cela fonctionne bien et la dernière AG de 2017 a parlé de  la “maturité” du développement après le “démarrage” de 2015 et la “montée en puissance” de 2016. D’autant que l’animation du Centre (la Maison) se met en place.

Car au-delà du “bien travailler” l’ACOC a choisi de promouvoir et d’organiser la mise en commun des énergies et compétences réunies au Centre pour créer une dynamique propre, source d’enrichissement interne et d’ouverture vers l’extérieur. Il s’agit de créer mais aussi pour nous de “nous laisser créer” par nos résidents.

Des exemples d’actualité montrent comment, modestement, cette ouverture se met en place : 

La première projection de “Aventure et découverte du monde ” sur le Liban a eu lieu il y a 15 jours. La reprise des rencontres mensuelles autour des projections des enregistrements des conférences d’éthique publique du Centre Sèvres est programmée le lundi 22 à midi avec pour thème ” Eglise, du scandale à la réforme”, les prochains “cafés-débats” du midi devraient reprendre ces prochains jours. 

J’oserais ajouter ici que des célébrations régulières auront lieu dès le mois prochain dans la chapelle du 2eétage. Vous trouverez ces informations et d’autres en consultant le site de la Maison à l’adresse www.magnanen.com.

Destinées à être suivies par les résidents comme par des personnes extérieures, ces rencontres sont l’illustration de l’état d’esprit positif qui unit, à Magnanen, dans des actions communes, jeunes et anciens, chrétiens et non-chrétiens, salariés et bénévoles, amis extérieurs, … rencontres improbables ailleurs !

Vous pouvez juger sur pièces ce soir de l’état d’avancement du pari tenté depuis 2010. Votre présence si nombreuse est à la fois un formidable encouragement à persévérer, c’est aussi la possibilité pour beaucoup d’entre vous de rencontrer des adhérents et les salariés de l’ACOC, des usagers du Centre, des bénévoles, de visualiser les activités et propositions des divers mouvements présents.

Je voudrais terminer cet état des lieux en donnant deux autres exemples qui illustrent les ouvertures vécues. 

En 2016, un colloque autour de l’encyclique ‘Laudato si’ a été organisée en partenariat avec le lycée Saint Joseph. Réussite certaine pour un coup d’essai, mais je dois avouer que nous n’avons pas su ou pu poursuivre les pistes que cet événement avait ouvertes. Et là vient une question fondamentale : Faire vivre l’ACOC, animer Magnanen, et monter des rencontres, conférences, expositions, est une expérience extraordinaire. Continuer à les faire vivre, c’est poursuivre une grande aventure. Mais avec qui pour animer, diriger ? ACOC, Magnanen, ce sont d’abord des femmes et des hommes. Alors continuer avec qui ?

Depuis 2017 un autre projet s’est mis en route. Il montre, plus que des mots, que le vivre ensemble à Magnanen n’est pas une utopie. “Satellite” est son nom de baptême. Deux de ses initiateurs vont vous le présenter maintenant. Il manifeste la volonté des résidents de prendre en charge leur part dans la vie commune, d’innover au service du collectif. 

Avant de leur laisser la parole je voudrais terminer ce propos en disant combien pour nous, dépositaires d’un héritage à faire fructifier et à transmettre, être laïcs engagés à l’ACOC c’est trouver, inventer peut-être aux périphéries (pape François), un espace d’expérimentation de la foi dans lequel chrétiens ou non-chrétiens, jeunes et moins jeunes, mais tous ouverts aux solidarités apprennent à inventer un vivre ensemble producteur de sens, pour une Eglise ouverte aux enjeux du XXIe siècle. 

On peut être ambitieux à 80 ans.

Il nous faut vivre l’Espérance, avoir du courage et de l’imagination. Vivons cette affirmation tirée D’Isaïe 42 portée par le père Robert Chave, qui a habité, animé, dirigé Magnanen pendant tant d’années, et dont l’esprit nous accompagne au quotidien : 

“Je les mènerai par des chemins qui leur sont inconnus”

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